Côte sableuse : retour sur les travaux de la Conche des Gaillouneys 10 janvier 2019

L’Office national des forêts (ONF) a entrepris, en 2016, des travaux dunaires sur le site des Gaillouneys à La Teste-de-Buch (33), au Sud de la Dune du Pilat. Ce site, soumis à de forts coups de vents, est en érosion marquée (plus de 5 mètres de recul par an), le cordon dunaire se rapprochant de plus en plus de la route départementale 218 (36 m au plus proche). Retour avec l’ONF sur ce chantier d’envergure.

Une convention de coopération a été signée en 2016, afin que l’ONF assure la maîtrise d’œuvre de la restauration de la Conche des Gaillouneys, au Sud de la Dune du Pilat (33). Le terrain est la propriété du Conservatoire du Littoral et le site est géré par le Syndicat mixte de la grande Dune du Pilat.

Les travaux sont co-financés par la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde, la commune de La Teste-de-Buch (33), le syndicat mixte et le Conservatoire du littoral. L’ONF a ainsi mené des aménagements conséquents sur le sable de la Conche des Gaillouneys.

Sur cette zone soumise à de très forts coups de vent, le cordon dunaire est totalement déstabilisé. Les dégradations de cette dune ont débuté dans les années 70 à la suite de pratiques anarchiques. En l’absence de végétation fixatrice, le cordon dunaire est devenu très mobile sur ce secteur : 5 m / an de recul, se rapprochant dangereusement de la route départementale 218 (36 m au plus proche), qui dessert les plages océanes de La Teste-de-Buch et la commune de Biscarrosse.

Le site des Gaillouneys, en 2014, avant les travaux

La première étape des travaux a consisté en un écrêtage ou remodelage des arêtes vives sableuses à l’aide d’un bull et d’une pelle mécanique sur une surface de 0,44 ha afin de diminuer l’impact du vent, les versants trop abrupts. Elle a permis de disperser l’oyat pour favoriser la recolonisation naturelle de cette plante dunaire au système racinaire permettant de « tenir » le sable.

Dans un second temps, l’ONF a réalisé une couverture de branchages de pins et de genêts provenant des forêts de La Teste et Biscarrosse, qui permettra de piéger les sables transportés par le vent mais également d’améliorer les conditions d’implantation des végétaux plantés ou non. Des andains de branchages ont également été mis en place et ont pour vocation de jouer un rôle de brise vent (655 m).

1 - Mise en œuvre 2016-2017 - État après travaux

L’hiver 2016-2017 fut très clément avec peu de coups de vent. La période fut donc peu favorable pour les travaux dunaires. Le premier coup de vent favorable a eu lieu mi-janvier 2017. Avant cette date, aucun transit sableux n’a pu se faire.

Zone des travaux

  • Zone sud : L’orientation et le stock sableux présent sur la zone de décollage et d’atterrissage des parapentistes ont permis de bons apports de sable sur les branchages. Entièrement sablée, cette zone a été plantée en février 2017. Les gourbets se sont bien développés. Les travaux sur cette zone sont donc achevés. Surface de la zone : 1.15 ha.
  • Zone centrale et nord : Zones peu sablées du fait de l’orientation, du faible stock sableux présent à l’avant et des éléments climatiques. Les apports certes faibles ont cependant été effectifs et sont arrivés de toutes les directions en raison de la topographie particulière du site. L’ONF a pu remarquer que le sable est fortement reparti vers l’océan avec la dominance des vents venant de l’Est au cours de l’hiver dernier. C’est une particularité de ce site car il très rare sur des dunes « calibrées » que le sable transite vers l’océan. Les zones périmètrales sablées ont pu être plantées de gourbet (0.2 ha).

Les couvertures non sablées assument leur rôle premier qui consiste à éviter la mobilisation du sable en place. Ce sable ne se déplace donc plus. Elles accomplissent également pleinement leur rôle de piégeage des graines transportées par le vent et améliorent les conditions d’installation des espèces présentes naturellement. Les couvertures en pin qui ont été mises en place devrait permettre, pendant 4 à 5 ans, aux espèces végétales de s’installer. On peut déjà noter la présence d’espèces qui se sont développées naturellement, l’oyat, la linaire à feuille de thym, le panicaut, l’armoise des sables, ainsi que des semis de pins, du gênet, de l’immortelle… La dynamique naturelle est en marche. La couverture assure la protection face au vent, une amélioration de l’humidité au sol, un léger ombrage pour la période estivale, des apports de minéraux.

Spécificités

  • Spécificités zone centrale Le transit sableux a également été stoppé par les andains [1] mis en place à l’avant. C’était le but recherché. Ils ont pleinement joué leur rôle pour reconstituer le pied de dune. Ces andains d’une longueur totale de 110 m et d’une hauteur allant de 1,2 à 1,5 m ont permis de reconstituer le stock sableux à l’aide du vent. Cela représente environ 1500 à 1800 m3 de sable stocké à la base de cette zone.

Les andains ainsi chargés, le transit de sable peut reprendre dès les prochains coups de vent pour alimenter les couvertures de genêt situées en arrière. Avec des conditions favorables l’hiver dernier, la couverture de genêts aurait pu être sablée et donc plantée de gourbet.

  • Spécificités zone nord Le transit encore plus faible est stoppé par les andains à la base de la zone. Des apports par les côtés sont constatés. Les andains mis en œuvre telles les anciennes techniques de l’époque de la fixation des dunes permettent au-delà de stockage du sable de proposer des zones plus favorables au développement de la dynamique naturelle localement.
Le site des Gaillouneys, en septembre 2017, pendant la phase de travaux

2 - Suite des travaux sur les zones centrale et nord en février - mars 2018 :

Les plantations de gourbet sont poursuivies en février et mars 2018 sur les secteurs le nécessitant et en fonction des apports sableux de l’hiver. Des compléments sont mis en œuvre sur la zone sud. La ligne de gourbet initialement prévue sur la zone nord est mise en place au plus près des apports sableux sur la zone centrale entre les andains qui ont été précédemment recouverts.

3 - État après l’été 2018 :

Poursuite importante de la colonisation végétale naturelle des zones couvertes de branchage. A noter la présence en quantité de la linaire à feuille de thym. Les plantations de gourbets sont bien en place et se développent normalement. Localement, en périphérie des zones travaillées, le piétinement fait disparaitre les plantations notamment sur le secteur sud et aux abords de l’accès sauvage sur la zone nord.

Photos : avant et après restauration

Article rédigé par Cédric BOUCHET, technicien forestier territorial, Agence Landes Nord Aquitaine, Office national des forêts

[1Les andains sont une bande de branchages et de rémanents constituée à l’occasion d’une coupe ou du dégagement d’un terrain à reboiser.