Hiver 2023-2024 : 3e hiver le plus intense en Nouvelle-Aquitaine, en termes de forçages météo-marins et d’impacts observés 24 juillet 2024

L’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA) vient de publier deux rapports relatifs aux conséquences de l’hiver 2023-2024 sur le littoral régional, réalisés par les deux porteurs techniques de l’OCNA : l’ONF (Office national des forêts) et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières).

Le premier rapport synthétise le suivi des entailles d’érosion marines, opéré après chaque hiver en Nouvelle-Aquitaine sur le terrain. Le deuxième rapport émet un bilan de l’hiver 2023-2024, à la fois en termes de forçages météo-marins et d’impacts observés sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine, grâce au travail mené dans le cadre du Réseau tempêtes de l’Observatoire.

Un hiver parmi les plus érosifs de ces quinze dernières années

L’hiver 2023-2024 a été marqué par des conditions météo-marines particulièrement intenses, comparativement aux hivers de ces 15 dernières années. L’analyse des observations de vent, de hauteur de vagues et du flux d’énergie des vagues a révélé que l’hiver 2023-2024 apparaît comme le 3ème hiver le plus intense depuis l’hiver 2008-2009 en Nouvelle-Aquitaine. L’analyse de l’indice érosif de l’OCNA, calculé rétrospectivement depuis l’hiver 2008-2009, a montré aussi que l’hiver 2023-2024 fait partie des hivers potentiellement les plus érosifs, derrière les hivers 2013-2014 et 2019-2020. Ce constat a notamment été confirmé par les résultats issus du suivi des entailles d’érosion marine, réalisé au cours de l’hiver 2023-2024 (rapport OCNA / ONF).

La tempête Karlotta, évènement le plus impactant de l’hiver 2023-2024

Au cours de l’hiver 2023-2024, un nombre important d’évènements météo-marins marquants se sont produits, dont une succession de 4 évènements particulièrement intenses entre la mi-octobre et le début novembre 2023 (tempêtes Aline, Céline, Ciaran et Domingos). Au cours de cette période, la tempête Céline (27-29 octobre 2023) a été identifiée comme la plus impactante en termes d’érosion et de submersion marine, du fait d’une concomitance avec de forts coefficients de marée. L’hiver 2023-2024 a aussi été marqué par le passage de deux évènements météo-marins particulièrement intenses en février 2024 (tempête Karlotta et le coup de mer du 22-27 février). Sur la base des conditions météo-marines observées et des remontées de terrain post-évènement, la tempête Karlotta (10-11 février), arrivant sur un littoral déjà affecté par les épisodes érosifs précédents, a été l’évènement le plus impactant de l’hiver 2023-2024 pour le littoral néo-aquitain. Cela s’est notamment manifesté par le fort accroissement du linéaire du cordon dunaire présentant des entailles d’érosion marine.

Les tempêtes Céline et Karlotta ont, du fait de la conjugaison autour du pic de tempête de forts coefficients de marée et de conditions marines énergétiques, engendré des phénomènes de submersion marine en de nombreux points du littoral. Des débordements et des franchissements de paquets de mer se sont produits en de nombreuses localités en Charente-Maritime (Nieul-sur-Mer, La Tremblade), sur une majorité des communes du Bassin d’Arcachon, dans le sud des Landes (Capbreton, Hossegor) et au Pays basque (Anglet, Biarritz).

Cartographie des impacts de la tempête Karlotta du 10-11 février 2024 sur le littoral de Charente-Maritime (en haut) et de l’ex-Aquitaine (en bas), générée par la compilation des observations de terrain portées à la connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Crédits images : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

Des niveaux d’érosion proches de ceux observés en 2013-2014

Il a notamment été mis en évidence que les cordons dunaires littoraux ont été impactés par l’érosion marine sur un linéaire cumulé d’environ 181 km. Les remontées de terrain partagées en cours d’hiver par les membres observateurs du Réseau tempêtes vont également dans ce sens. Des niveaux d’érosion, proches de ceux observés après l’hiver 2013-2014, ont été observés dans le nord de la Gironde, le nord des Landes et en Charente-Maritime. Des reculs cumulés du trait de côte allant de 7 à 17 m ont été mesurés dans le nord de la Gironde et le nord des Landes. Les plages de l’Île de Ré et celles du sud-ouest de l’Île d’Oléron ont aussi subi de très fortes érosions, avec des reculs cumulés du pied de dune de plusieurs mètres.

Plus de la moitié du littoral dunaire touchée par le recul du trait de côte lors de l’hiver 2023-2024

Selon les 732 relevés de terrain, entre octobre 2023 et juin 2024, l’érosion marine cumulée, a impacté 181 km sur les 350 km de cordon dunaire suivi par l’OCNA en Gironde, Landes et Charente-Maritime, soit 51,8 % du littoral.

Zoom par département :

  • Charente-Maritime  : 45,7 % de cordon dunaire impacté (55 km sur 120 km)
  • Gironde : 65,1 % de cordon dunaire impacté (81 km sur 124 km)
  • Landes  : 43,3 % de cordon dunaire impacté (46 km sur 106 km)

Nota : Une entaille d’érosion marine est une encoche dans le pied du versant externe du cordon dunaire, résultat de fortes érosions marines survenant lors d’événements tempétueux ou lors de la conjonction de fortes houles et de forts coefficients de marée.

La Gironde est le département le plus touché. Sur le littoral landais, un gradient nord-sud s’exprime : de Biscarrosse au sud de Lit-et-Mixe, l’érosion s’est révélée plus intense que dans les communes situées plus au sud (cf figure ci-dessous).

Pourcentage de linéaire de côte érodé durant l’hiver 2023-2024, par commune
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

De manière à caractériser plus précisément et avec une meilleure résolution spatiale l’impact de l’hiver 2023-2024, un levé lidar exceptionnel (levé 3D aéroporté) de l’Île de Ré à l’estuaire de l’Adour a été acquis début juin 2024 dans le cadre de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine. Les données et premiers résultats sont attendus pour le dernier trimestre 2024. Les relevés topographiques et géomorphologiques, réalisés sur la côte sableuse de l’ex-Aquitaine au printemps 2024, sont d’ores et déjà disponibles sur le site Internet de l’Observatoire.

Deux rapports viennent d’ores et déjà d’être publiés : rapport OCNA / ONF « Suivi des entailles d’érosion marines » et rapport du Réseau tempêtes « Bilan de l’hiver 2023-2024 ». Ils permettent notamment d’avoir des informations plus précises localement et sont essentiels pour les acteurs territoriaux. Ces documents sont accessibles sur le site Internet de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, au sein de l’espace Publications.

Des suivis hivernaux rendus possibles grâce au Réseau tempêtes

Le Réseau tempêtes est opéré par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA), dont la mission générale est de surveiller le littoral lors des tempêtes et évènements érosifs brutaux. À l’heure actuelle, il déploie une organisation technique et humaine sur 840 km de côte : de la baie de l’Aiguillon en Charente-Maritime, à la frontière espagnole au Pays basque, et met en relation des spécialistes pour observer les impacts des tempêtes sur le littoral de la région Nouvelle-Aquitaine et mieux comprendre ces phénomènes.

Articulé autour d’un réseau d’acteurs volontaires et d’un dispositif de veille automatique sur les évènements météo-marins (dispositif de surveillance ″érosion″), ses principales fonctions sont les suivantes :

  • informer sur les conditions météo-marines et les impacts érosifs attendus lors des tempêtes via l’émission automatique d’un bulletin de prévision de l’aléa ″érosion″, spatialisé à 5 jours ;
  • homogénéiser et mutualiser les observations faites sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine avant, pendant ou à la suite des tempêtes, à travers des outils dédiés : forum, application mobile ;
  • synthétiser les informations collectées lors des tempêtes (conditions météo-marines, observations, dégâts…) et mettre à disposition du public ces synthèses ;
  • capitaliser les informations et observations des tempêtes majeures ;
  • contribuer à la compréhension des processus conduisant à l’érosion du littoral.

Le Réseau tempêtes de l’OCNA regroupe les agents techniques du BRGM et de l’ONF, les partenaires financeurs de l’OCNA, les partenaires scientifiques et techniques (laboratoires EPOC, SIAME, LIENSs, Centre de la Mer de Biarritz, Conservatoire du littoral, Unima, Cerema), le GIP Littoral et les collectivités porteuses de stratégies locales de gestion de la bande côtière.

Les principaux évènements météo-marins pour lesquels le Réseau tempêtes a été activé ont fait l’objet de synthèses post-évènement, diffusées sur le site Internet de l’OCNA.