L’hiver 2021-2022 sur le littoral aquitain

Cette page recense l’ensemble des observations réalisées par les membres du Réseau tempêtes de l’Observatoire de la Côte de Nouvelle-Aquitaine durant l’hiver 2021-2022. Un résumé et une note de synthèse seront publiés après chaque événement tempétueux. Un bilan général sera dressé à la fin de la saison hivernale. D’ici à la fin de l’année, l’équipe de l’Observatoire complètera cette page avec un encart de suivi de l’état des plages et des conditions énergétiques de l’hiver.

Focus sur l’état des plages en début d’automne

La saison estivale 2021 a permis de recharger les plages d’Aquitaine de manière significative dans une très grande majorité.

Les secteurs où le rechargement en sable a été limité sont ceux habituels, soit le Nord médoc (Soulac, Carcans, Lacanau), le sud du bassin d’Arcachon (La Teste de Buch, Biscarrosse) et du sud landais ( Seignosse – Hossegor – Labenne) , avec toutefois une grande hétérogénéité. Le secteur de Soulac - Le Verdon est très vulnérable, avec des plages déjà très basses. Le secteur de Hossegor - Seignosse est étonnamment peu rechargé. A contrario, certains secteurs au nord d’Hourtin jusqu’à Grayan sont particulièrement bien rechargés, tout comme le sud de Capbreton.

Une vigilance particulière doit être faite sur les secteurs vulnérables (affichés en état défavorable) sur la cartographie ci-dessous.

Cartographie simplifiée de l’état des plages avant l’hiver 2021-2022 sur les éléments qualitatifs fournis par les observateurs OCNA

Favorable : plage fortement rechargée pouvant résister aux premiers évènements hivernaux
Stable : plage moyennement rechargée faiblement résistante aux premiers évènements
Défavorable : plage peu ou pas rechargée très vulnérable dès les premiers évènements

Coup de mer (4 au 6 décembre 2021) et tempête Barra (8 au 9 décembre 2021)

Cartes de vent des épisodes des 5 (gauche) et 8 (droite) décembre 2021 (sources : NCEP, EARTH). L’encart gauche indique le niveau d’impact érosif prévu dans le bulletin OCNA et celui à droite le niveau de vigilance prévu par Météo-France.

Une succession de deux épisodes de fortes vagues a touché la côte aquitaine fin décembre 2021. Le premier épisode de fortes vagues concomitant avec des marées de vives eaux de coefficients 100 à 103 s’est déroulé du samedi 4 au lundi 6 décembre 2021 avec un pic d’intensité à la marée haute du dimanche 5 décembre après-midi. Les houlographes du Cap-Ferret et d’Anglet ont enregistré un pic de hauteurs significatives de vagues de l’ordre de 7-8 m associées à des périodes de 10 s. Des vents moyens modérés de 50-60 km/h et de rafales jusqu’à 80-100 km/h ont été observés. Malgré les coefficients de marée élevés, les surcotes mesurées au moment de la pleine mer sont restées modérées (environ 20 cm à Eyrac et à Saint-Jean-de-Luz). Par conséquent les niveaux maximum mesurés n’ont pas dépassé 4,85 m CM (Eyrac) et 4,83 m CM (Saint-Jean-de-Luz). L’ensemble de la côte était cependant en Vigilance Vagues-Submersion jaune.

Le second évènement, plus intense en termes de vagues, est survenu peu après avec la tempête Barra du mercredi 8 au jeudi 9 décembre 2021. Si cet évènement est survenu au moment de coefficients de marée plus faibles (environ 80) avec des vents moyens similaires à l’évènement précédent, les hauteurs significatives de vagues mesurées aux bouées Cap-Ferret et Anglet étaient légèrement plus importantes (respectivement 10 m et 9 m) avec des périodes plus élevées d’environ 13 s. La surcote mesurée à Eyrac a été également plus élevée avec une valeur d’environ 45 cm à la pleine mer, amenant le niveau marin à 4,80 m CM, valeur similiaire à celle du pic observé lors du premier évènement. En revanche, à Saint-Jean-de-Luz, le niveau mesuré était moins élevé (4,60 m CM). Le niveau de Vigilance Vagues-Submersion était également jaune sur tout le littoral régional.

Les remontées terrain du Réseau tempêtes pour cet évènement ont montré que ce quatrième évènement météo-marin de la saison hivernale 2021-2022 a conduit à une érosion marine du cordon dunaire en de multiples points du littoral de l’ex-région aquitaine. Cependant, les secteurs situés dans le centre de la Gironde semblent avoir été préservés. A la suite de cet évènement, des niveaux de plage relativement bas ont été observés dans le nord de la Gironde et le nord des Landes. Ailleurs, les niveaux de plage ne semblent pas particulièrement bas avec notamment de nombreux secteurs où les bermes estivales étaient encore présentes.

Des impacts érosifs forts à sévères ont été relevés :

  • de manière généralisée sur les communes du Verdon-sur-Mer et de Soulac avec des reculs du pied de dune de l’ordre de quelques mètres ;
  • ponctuellement sur la commune de Lège-Cap-Ferret entre la plage de l’Horizon et le Village des Blockhaus, et le long de la flèche du Mimbeau ;
  • ponctuellement sur la commune de La Teste-de-Buch, avec notamment 3 m de recul du pied de dune au nord de la plage de la Corniche et 12 m de recul à la plage de la Lagune ;
  • au droit du front de mer de la commune de Biscarrosse avec une érosion massive du merlon dunaire articiellement maintenu.
  • ponctuellement dans le sud des Landes avec le relevé de nombreuses nouvelles entailles dunaires ou la réactivation d’anciennes (profondeurs d’entailles de quelques mètres pour des longueurs de l’ordre de 100-500 m).
  • L’impact érosif a été faible à modéré sur les communes de Carcans, Lacanau, Le Porge et Mimizan.

Aucune observation de submersion marine n’a été remontée.

Des glissements de terrain se sont produits sur les falaises littorales de Saint-Jean-de-Luz et de Guéthary qui ont vraisemblablement été activés par une pluviométrie importante lors du passage de la tempête Barra (particulièrement intense dans l’après-midi et la soirée du jeudi 9 décembre).

Cartographie des impacts (érosion/submersion) associés au passage de la tempête Barra entre le 8 et 9 décembre 2021 (précédée de l’épisode de fortes houles du 4 au 6 décembre) sur le littoral aquitain, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA