En 2024, la Dune du Pilat culmine à 101 mètres d’altitude, soit plus de deux mètres de moins que la hauteur relevée en 2023 20 janvier 2025

La plus haute dune littorale d’Europe évolue au fil des mois et des années et gagne, ou perd, quelques grains de sable selon les années. Au mois de mai 2024, le point culminant de la Dune a été mesuré à 101 mètres d’altitude, soit 2,6 mètres de moins que la hauteur relevée en 2023 à la même période. L’évolution de cette majestueuse dune naturelle a été mesurée au printemps dernier dans le cadre des actions de suivi menées, depuis 2009, par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA). Explications.

101 mètres. Telle est la hauteur du point culminant de la Dune du Pilat, relevé le 30 mai dernier par l’équipe de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors du suivi annuel du site. Durant toute une journée, trois agents de l’Observatoire arpentent ce monument naturel exceptionnel (long de 2,9 km et large de 616 m) et parcourent ainsi l’équivalent de 7 fois la montée de la Dune afin d’étudier son évolution au fil des années.

Depuis 2009, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine mène des études topographiques et de photos interprétations afin de suivre les évolutions de la morphologie et des mensurations de la Dune. Deux phénomènes principaux façonnent celle-ci au fur et à mesure des années :

  • L’action marine (les vagues) qui provoque érosion / accrétion du trait de côte (soit l’espace de jonction entre la terre et la mer) ;
  • L’action éolienne (le vent) qui sous l’effet des vents dominants (d’Ouest) entraine l’avancée ou la migration dunaire (la Dune se déplace vers la forêt).

Un hiver parmi les plus érosifs de ces quinze dernières années

L’an dernier, la Dune du Pilat culminait à 103,6 mètres, soit la troisième altitude la plus basse mesurée depuis 2009 (derrière 2022 et 2020). Un an après, elle a perdu 2,6 mètres à son sommet, situé sur la partie centrale du site. Avec une hauteur de 101 m, l’altitude de la dune est la plus basse mesurée depuis le début des mesures annuelles en 2009. On note une perte d’altitude de 6,9 m entre 2009 et 2024. Pour rappel, l’altitude maximum atteinte par la Dune était de 110,5 m en 2017.

À noter que la crête de la Dune n’est qu’un des indicateurs de l’évolution de la dune. La crête est très mobile et peut rapidement se déplacer (avancer ou reculer) au gré du vent, sans toutefois témoigner directement de l’avancée de l’ensemble de l’édifice vers la forêt. De même, l’altitude maximale de la Dune peut varier rapidement d’un jour à l’autre.

L’hiver 2023-2024 a été marqué par des conditions météo-marines particulièrement intenses, comparativement aux hivers de ces dix dernières années. Quatre tempêtes se sont succédé entre la mi-octobre et le début de novembre 2023. Elles ont entraîné de fortes érosions des plages et des dommages significatifs sur les cordons dunaires. Parmi ces événements, la tempête Karlotta les 10 et 11 février 2024 s’est avérée particulièrement impactante. Survenue en concomitance avec des coefficients de marée élevés, elle s’impose comme la tempête la plus marquante de l’hiver 2023-2024 en termes d’érosion marine.

L’analyse des données concernant le vent, la hauteur des vagues et le flux d’énergie des vagues classe l’hiver 2023-2024 au 3ᵉ rang des hivers les plus intenses enregistrés en Nouvelle-Aquitaine depuis 2008-2009, derrière les hivers 2013-2014 et 2019-2020.

La Dune du Pilat n’échappe pas à ces conditions météo-marines, responsables d’un déplacement constant de l’édifice vers la forêt. Ce déplacement de la crête vers l’est est d’ailleurs plus rapide que celui du trait de côte (pied de dune côté océan), témoignant d’un étalement progressif de la Dune. Cette mécanique se traduit en 2024, comparativement à 2023, par un déplacement du point culminant de la Dune d’environ 230 m en direction du sud-ouest, et par une perte d’altitude d’un peu plus de deux mètres et demi de son sommet.

Évolution planimétrique du trait de côte et de la dune du Pilat entre 2023 et 2024
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

Au-delà de l’étude de la limite dune-forêt, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine s’intéresse fortement à l’évolution du trait de côte, où des changements sont notables depuis 2011. Son évolution se divise en trois secteurs :

  • Le nord : zone généralement marquée par une érosion notable ;
  • La partie centrale : une zone habituellement stable voire en accrétion (qui avance vers la mer) ;
  • Le sud : cette zone est généralement stable ou en érosion mais moins impactée que la partie nord.
Les agents de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors du cheminement vers le point central de la Dune du Pilat, avant l’installation du matériel
Crédit photo : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, 2024
Deux agents de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors de la mission annuelle de 2024
Crédit photo : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, 2024

Une évolution variable en fonction des secteurs entre 2023 et 2024

Depuis le début des levés DGPS en 2009, la partie nord de la Dune du Pilat est en érosion chronique avec un recul moyen du trait de côte (pied de dune) de 4 mètres par an. Cette tendance se confirme entre 2023 et 2024, avec une érosion moyenne d’environ 1,7 mètre observée sur les 100 premiers mètres du trait de côte depuis le nord, au sud de l’ouvrage de la Corniche. En revanche, sur les 50 mètres restants jusqu’au profil Lartigon (cf carte ci-dessus), le trait de côte est resté stable entre 2023 et 2024, marquant une évolution par rapport à la période 2022-2023, où une érosion moyenne de 2,6 m avait été relevée. Entre le profil Nord et le profil de Lartigon, la tendance reste à l’accrétion. Cependant, celle-ci est moins importante, passant de 6,7 mètres entre 2022 et 2023 à 2,9 mètres entre 2023 et 2024.

Alors que la partie centrale, située entre les profils dits de Lartigon et de la Forêt, était restée relativement stable entre 2022 et 2023 (conformément à la tendance observée au cours de la dernière décennie), une rupture de cette dynamique a été constatée entre 2023 et 2024. Cette évolution s’est traduite par un recul moyen de 7,5 mètres dans ce secteur.

Cette évolution concerne également le secteur sud, situé entre le profil dit de La Forêt jusqu’au sud de la Dune. Alors que la période 2022-2023 était caractérisée par une stabilité, avec certains secteurs en accrétion et d’autres en érosion, l’ensemble de ce secteur est désormais en érosion entre 2023 et 2024, avec un recul moyen de 4,3 mètres.

Très mobile par nature, la Dune du Pilat poursuit son évolution vers l’est. Les suivis réguliers menés par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine permettent de mieux caractériser ces mouvements, dans un secteur où les enjeux sont nombreux tels que les campings et la route départementale situés à proximité.

Des suivis essentiels pour les acteurs territoriaux

Depuis 1998 et de manière optimisée depuis 2002, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine réalise des levés de terrain au GPS différentiel (précision centimétrique) chaque année au printemps (après les tempêtes hivernales), et ce de la fin du mois de mars au mois de juin.

L’ensemble des suivis réalisés sur le littoral a pour objectifs de comprendre la dynamique du trait de côte, à plusieurs échelles de temps, et de prévoir son évolution future en prenant en compte notamment les impacts du changement climatique. L’analyse des données recueillies lors de la campagne de terrain permet ainsi :

  • la quantification de l’évolution du trait de côte et de sa variabilité, le long de la côte ex-aquitaine notamment au droit des secteurs littoraux aménagés ;
  • une meilleure compréhension des rythmes d’évolution à différentes échelles de temps (événementielle, saisonnière, interannuelle, pluriannuelle et séculaire) grâce au croisement avec d’autres données (par exemple, la campagne topographique aéroportée « lidar » annuelle) ;
  • et une meilleure caractérisation de l’aléa recul du trait de côte sur le littoral ex-aquitain, en lien avec les effets du changement climatique.

Les levés réalisés chaque année au DGPS sur les trois environnements littoraux (côte sableuse aquitaine, Bassin d’Arcachon, côte rocheuse basque) sont désormais consultables et interrogeables sur le site Internet de l’Observatoire via le service numérique « Fiches transects ».

Après les suivis sur le terrain et la collecte des données, vient les phases de traitement puis d’analyse afin de compléter le bilan des plages à la sortie de l’hiver et compléter, de façon quantitative, les nombreuses observations de terrain recueillies durant l’hiver par les observateurs de l’OCNA. Le bilan général de l’hiver 2023-2024 est accessible depuis le lien suivant.

Lors de la campagne 2018, une équipe de tournage a suivi les agents de l’OCA en mission sur 4 sites emblématiques du littoral aquitain : la Dune du Pilat et l’île aux Oiseaux à La Teste-de-Buch (33), le site d’Erretegia à Bidart (64) et le courant d’Huchet à Moliets-et-Maâ (40).

Vous pouvez découvrir ce court film ci-dessous afin de mieux comprendre le déroulé d’une mission, ses spécificités d’un environnement à un autre, les objectifs et les résultats attendus.

En immersion avec les équipes de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine sur 4 sites aquitains