La Dune du Pilat culmine à 102,4 mètres, soit 1,8 mètre de moins que la hauteur relevée en 2021 18 octobre 2022

La plus haute dune d’Europe évolue au fil des mois et des années et gagne, ou perd, quelques grains de sable selon les années. Au mois de mai 2022, le point culminant de la Dune a été mesuré à 102,4 mètres, soit 1,8 mètre de moins que la hauteur relevée en 2021 à la même période. L’évolution de cette majestueuse dune naturelle de sable est mesurée, depuis 2009, dans le cadre des actions de suivi menées par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA). Explications.

102,4 mètres. Telle est la hauteur du point culminant de la Dune du Pilat, relevé le 5 mai dernier par l’équipe de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors du suivi annuel du site. Durant toute une journée, trois agents de l’Observatoire arpentent ce monument naturel exceptionnel (long de 2,9 km et large de 616 m) et parcourent ainsi l’équivalent de 7 fois la montée de la Dune afin d’étudier son évolution au fil des années.

Depuis 2009, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine mène des études topographiques et de photos interprétations afin de comprendre les évolutions de la morphologie et des mensurations de la Dune. Deux phénomènes principaux façonnent celle-ci au fur et à mesure des années :

  • l’érosion / accrétion : actif au niveau du trait de côte (soit l’espace de jonction entre la terre et la mer) ;
  • l’avancée ou migration dunaire (la Dune se déplace vers la forêt) : déplacement principalement causé par l’action des vents dominants (Ouest) qui transportent chaque jour des millions de grains de sable.

Une saison hivernale plutôt clémente par rapport aux années précédentes

L’an dernier, la Dune du Pilat culminait à 104,2 mètres. Un an après, elle a perdu 1,8 m à son sommet, situé sur la partie centrale du site. Avec une hauteur de 102,4 m, cela en fait l’altitude la plus basse mesurée depuis 2009. On note ainsi une perte d’altitude de 5,5 m entre 2009 et 2022. Toutefois, cette évolution n’a pas été linéaire, et l’altitude maximum atteinte par la Dune a été de 110,5 m en 2017.

Hauteur de la Dune du Pilat, mesurée depuis 2009 par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

À noter que la crête n’est pas le témoin général de l’évolution de la dune. La crête est très mobile et peut rapidement se déplacer (avancer ou reculer) au gré du vent, sans toutefois témoigner directement de l’avancée de l’ensemble de la Dune vers la forêt. De même, l’altitude maximale de la Dune peut varier rapidement d’un jour à l’autre.

Après une saison estivale 2021 propice au rechargement d’une très grande majorité des plages océaniques de la région, une succession de deux épisodes de fortes vagues et de vent a touché la côte fin décembre 2021. Ces conditions particulièrement énergétiques favorisent les évolutions significatives des édifices dunaires et sont généralement à l’origine de déplacements qui peuvent atteindre plusieurs mètres, voire quelques dizaines de mètres selon les secteurs. Ainsi, les conditions météo-marines survenues entre 2021 et 2022 ont provoqué une diminution de près de 2 mètres d’altitude et un déplacement d’environ 20 mètres vers le sud-est du point culminant de la Dune. L’évolution de cette année est conforme à la tendance générale, observée depuis quelques années, d’un étalement progressif de la Dune vers la forêt.

Evolution planimétrique du trait de côte et de la dune du Pilat entre 2021 et 2022

Au-delà de l’étude de la limite dune-forêt, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine s’intéresse fortement à l’évolution du trait de côte, où des changements sont notables depuis 2011. Son évolution se divise en trois secteurs :

  • Le nord : zone généralement marquée par une érosion notable ;
  • La partie centrale : une zone habituellement stable voire en accrétion (qui avance vers la mer) ;
  • Le sud : cette zone est généralement stable ou en érosion mais moins impactée que la partie nord.
Installation de la base DGPS au sommet de la Dune du Pilat

Une érosion du trait de côte peu marquée entre 2021 et 2022

Depuis le début des levés DGPS en 2009, la partie nord de la Dune du Pilat est en érosion chronique avec un recul du trait de côte (pied de dune) moyen de 4 mètres par an. Cette année, on constate une stabilité de la zone nord de la Dune du Pilat, avec néanmoins une érosion très localisée au sud de l’ouvrage de la Corniche.

La partie centrale est restée plutôt stable. Certains secteurs de la partie centrale de la Dune sont néanmoins marqués par une accrétion notable, avec une avancée du trait de côte vers la mer qui peut atteindre jusqu’à 4 mètres entre 2021 et 2022 par endroits, notamment dans le secteur du profil dit de Lartigon (cf carte ci-dessus).

La partie sud de la Dune du Pilat reste, elle aussi, plutôt stable avec peu d’érosion constatée cette année encore.

Très mobile par nature, la Dune du Pilat poursuit son évolution vers l’Est. Les suivis réguliers menés par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine permettent de mieux caractériser ces mouvements, dans un secteur où les enjeux sont nombreux tels que les campings, la route départementale, mais aussi la préservation de ce site exceptionnel et l’accueil du public, dont la gestion est opérée au quotidien par le Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat.

Quel devenir pour la Dune du Pilat après les incendies de l’été ?

La commune de La Teste-de-Buch a été touchée par un violent incendie, dès le 12 juillet dernier et ce pendant une dizaine de jours. D’après l’Office national des forêts (ONF), plus de 6.000 hectares ont été impactés avec une zone d’incendie de 37 km de périmètre : 1027 ha en forêt domaniale de La Teste-de-Buch, 3 ha en forêt domaniale de Cazaux, 0,1 ha de forêt communale de La Teste-de-Buch, environ 3840 ha de forêt usagère et 1125 ha de forêt privée.

Les partenaires de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA) ont conclu au besoin de connaissances sur l’impact de l’incendie sur les dunes et arrières dunes boisées du littoral de la Teste-de-Buch. L’ONF ayant engagé et programmé des actions pour le suivi de ces impacts, il a été décidé de valoriser ces analyses dans le cadre de l’OCNA afin de déterminer si la végétation structurante a été impactée et en conséquence, de savoir si les dunes bordières présentent des fragilités susceptibles d’entraîner une déstabilisation, notamment face à l’érosion éolienne. Les données acquises annuellement dans le cadre de l’Observatoire alimenteront les suivis spécifiques qui seront mis en place.

Sur la dune non domaniale (du nord de la plage du Petit Nice au nord de la Dune du Pilat), la campagne de relevés GPS, opérée par l’ONF, a montré que le feu s’est étendu jusqu’au pied de la Dune du Pilat, côté forêt. Très peu de végétation de la zone dunaire non boisée a été impactée. Malheureusement, l’ensemble des zones boisées en arrière du cordon dunaire littoral a été touché, et les installations présentes (campings, maisons, zones d’accueil) ont été incendiées.

La Dune du Pilat est une dune en libre évolution : dénuée de végétation, elle a toujours évolué naturellement. Elle se déplace ainsi, au gré des vents et des saisons, au rythme de quelques mètres par an vers l’Est. À ce stade des connaissances, il apparaît peu probable que l’éclaircissement de la forêt située en arrière de la Dune du Pilat (conséquence directe de l’incendie) ait un impact manifeste sur son évolution. Poussés par le vent, les grains de sable remontent la façade Ouest de la dune et retombent rapidement derrière la crête sur la face Est, avant de descendre la pente sous la forme de petits glissements. C’est ainsi que la forêt est progressivement ensevelie par la Dune du Pilat.

À l’aide des suivis scientifiques qui seront opérés, il sera possible de caractériser précisément l’évolution de la Dune au cours des mois et années à venir, et de déterminer si une dynamique différente se sera mise en place après les incendies de juillet 2022. Les levés lidar topographiques aéroportés de l’Observatoire, effectués en septembre dernier sur l’ensemble du littoral de Nouvelle-Aquitaine, permettront notamment de mieux quantifier ces évolutions récentes de la Dune.

La Dune du Pilat lors de la mission annuelle de 2022

Des suivis essentiels pour les acteurs territoriaux

Depuis 1998 et de manière optimisée depuis 2002, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine réalise des levés de terrain au GPS différentiel (précision centimétrique) chaque année au printemps (après les tempêtes hivernales), et ce de la fin du mois de mars au mois de juin.

L’ensemble des suivis réalisés sur le littoral a pour objectifs de comprendre la dynamique du trait de côte, à plusieurs échelles de temps, et de prévoir son évolution future en prenant en compte notamment les impacts du changement climatique. L’analyse des données recueillies lors de la campagne de terrain permet ainsi :

  • la quantification de l’évolution du trait de côte et de sa variabilité, le long de la côte ex-aquitaine notamment au droit des secteurs littoraux aménagés ;
  • une meilleure compréhension des rythmes d’évolution à différentes échelles de temps (événementielle, saisonnière, interannuelle, pluriannuelle et séculaire) grâce au croisement avec d’autres données (par exemple, la campagne topographique aéroportée « lidar » annuelle) ;
  • et une meilleure caractérisation de l’aléa recul du trait de côte sur le littoral ex-aquitain, en lien avec les effets du changement climatique.

Les levés réalisés chaque année au DGPS sur les trois environnements littoraux côte sableuse aquitaine, bassin d’Arcachon, côte rocheuse basque, sont désormais consultables et interrogeables sur le site Internet de l’Observatoire via le service numérique « Fiches transects ».

Après les suivis sur le terrain et la collecte des données, vient les phases de traitement puis d’analyse afin de compléter le bilan des plages à la sortie de l’hiver et compléter, de façon quantitative, les nombreuses observations de terrain recueillies durant l’hiver par les observateurs de l’OCNA. Le bilan général de l’état des plages post-hiver 2021-2022 devrait être finalisé à l’automne.

Lors de la campagne 2018, une équipe de tournage a suivi les agents de l’OCNA en mission sur 4 sites emblématiques du littoral aquitain : la Dune du Pilat à La Teste-de-Buch (33), le site d’Erretegia à Bidart (64), le courant d’Huchet à Moliets-et-Maâ (40) et l’île aux oiseaux à La Teste-de-Buch (33).

Vous pouvez découvrir ce court film ci-dessous afin de mieux comprendre le déroulé d’une mission, ses spécificités d’un environnement à un autre, les objectifs et les résultats attendus.

Contact presse : Pauline DOUILLAC, responsable communication, Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine 05 57 26 52 87 - 06 77 03 60 19 - p.douillac@brgm.fr

En immersion avec les équipes de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine sur 4 sites aquitains