La côte aquitaine a subi des vents violents lors des tempêtes BRUNO et CARMEN avec des rafales atteignant 132 km/h à La Teste-de-Buch (33), 120 km/h à la Pointe du Cap-Ferret et 122 km/h à Biscarrosse (40). De fortes vagues ont touché le littoral aquitain lors de la tempête CARMEN (1er janvier) avec des hauteurs de l’ordre de 9 mètres à la Bouée Gascogne et de l’ordre de 7 à 8 mètres à la Bouée du Cap-Ferret (source : infoclimat.fr). Ces conditions océano-météorologiques, notamment lors des tempêtes CARMEN et ELEANOR, sont survenues lors des marées à forts coefficients (coefficient de 80 le 1er janvier et de 105 le 4 janvier 2018). Les vents forts et les vagues à la côte ont contribué à une surélévation importante du niveau marin.
Le bilan des effets des tempêtes « Bruno, Carmen, Eleanor », relatifs à l’érosion côtière et la submersion marine sur le littoral aquitain, a été établi grâce à la remontée d’informations de la part des observateurs de l’ONF et du BRGM (tous deux opérateurs techniques de l’Observatoire de la Côte Aquitaine) mais aussi de l’unité mixte de recherche EPOC-CNRS de l’Université de Bordeaux, un des partenaires scientifiques de l’OCA.
Sur la côte sableuse du département de la Gironde, les érosions les plus marquées ont été observées sur les communes de Soulac-sur-Mer, Lège-Cap-Ferret et La Teste-de-Buch. À Soulac-sur-Mer, les zones les plus touchées sont situées entre le Sud de l’immeuble « Le Signal » et la limite de la commune de Vensac. Les reculs du trait de côte varient de 2 à 7 mètres selon les secteurs, avec des falaises dunaires assez importantes (cf photo ci-dessous). À noter que sur ce secteur, les reculs pouvaient atteindre entre 20 et 40 mètres après les tempêtes de l’hiver 2013-2014.
- Soulac-sur-Mer - Les Sables d’Argent, un des secteurs les plus impactés par CARMEN et ELEANOR
Sur la commune de Lège-Cap-Ferret, la zone centrale de la presqu’île jusqu’au village de bunkers est affectée par des érosions ponctuelles de faible intensité provoquant de simples microfalaises dunaires d’une hauteur maximale de 2 mètres. La Pointe du Cap-Ferret a fait l’objet d’un suivi particulier, compte tenu de l’érosion marquée qui touche ce secteur depuis plusieurs semaines. Des levers GPS du trait de côte ont été réalisés deux fois par semaine. Les constats effectués au cours de ces deux épisodes sont les suivants :
- La tempête Carmen (1er janvier) a provoqué, au droit des casiers ensablants mis en place par l’ONF et le Conservatoire du Littoral, un recul de 5 à 13 mètres. Toutefois, ce secteur a bénéficié d’un rechargement de sable, à la suite d’une décision de la Ville de Lège-Cap-Ferret, à la fin du mois de décembre. Celui-ci a permis de diminuer l’impact érosif de la tempête Eleanor (4 janvier).
- Aucun recul significatif n’a été enregistré sur le secteur de la Pointe après la tempête Eleanor. La plage est relativement large du fait de cet apport sédimentaire. D’autres rechargements en sable ont été opérés sur ce secteur par les services municipaux les 2 et 3 janvier 2018.
- La Pointe du Cap-Ferret : micro-falaise dunaire, zone Est des casiers (disparition de la banquette). Photographie prise après la tempête Carmen.
Au niveau des communes de Grayan-et-L’Hôpital, Vensac, Vendays-Montalivet et Naujac-sur-Mer, les agents de l’Observatoire de la Côte Aquitaine ont constaté la présence de zones alternées d’érosion avec des reculs moindres de l’ordre de 1 à 3 mètres. Les plages ont notamment perdu en altitude, l’estran est parfois descendu de 80 cm et les sols fossiles sont désormais partiellement découverts.
Toujours en Gironde au Sud du Bassin d’Arcachon, entre la Corniche au pied de la Dune du Pilat et le site de La Salie Sud, les agents ont pu relever la poursuite et le développement des érosions existantes. Les falaises dunaires sont légèrement réactivées. Des entailles d’érosion et des falaises dunaires d’une hauteur de 1,5 à 4 mètres ont été observées entre la Corniche et la Salie Sud. Dans ce secteur, le recul du trait de côte varie de 1 à 5 mètres et les stocks de sable ont fortement diminué. Seuls les sites de la Lagune et la Salie Nord ont été épargnés.
Dans les Landes, la côte sableuse a été moins touchée, à l’exception du secteur entre Capbreton et Labenne. Entre Biscarrosse et Hossegor, l’altitude des plages s’est abaissée sans toutefois causer d’érosion dunaire. De grandes quantités de déchets ont été déposées sur les hauts de plage et en pied de dune. Entre Capbreton et Labenne, les effets de ces tempêtes sont présents mais limités. Des entailles d’érosion ponctuelles avec des falaises de 1 à 2 mètres ont été observées, notamment au Sud de l’urbanisation de Capbreton. Les stocks de sédiments apportés par le By-pass sont fortement érodés.
Sur le pourtour du Bassin d’Arcachon, des submersions marines (surverses) ont été observées sur différents secteurs : Lège-Cap-Ferret, Andernos-les-Bains, Gujan-Mestras, Arcachon, La Teste-de-Buch… À Lège-Cap-Ferret, une forte érosion a touché la flèche du Mimbeau avec un recul d’environ 5 mètres et l’apparition d’une falaise sur le haut de plage de 50 cm à 1 mètre. Des surverses sont apparues à deux endroits au droit des accès depuis la conche vers la plage. Les secteurs de L’Herbe, Piraillan, Petit Piquey et Jane de Boy ont connu quelques submersions des zones basses, toutefois limitées du fait des mesures de protection mises en place localement.
À Andernos, des submersions marines ont été constatées sur la plage du Mauret (les doubles murets ont toutefois permis de contenir les franchissements), les quais du Betey, le port ostréicole et dans le secteur de l’église St Éloi. Sur les ports de Taussat, Cassy, Lanton, Audenge, Biganos, Meyran, La Hume, Gujan-Mestras, des submersions marines localisées ont parfois atteint les routes et parkings, jusqu’au niveau des habitations les plus proches.
Entre Arcachon et La Teste-de-Buch, des submersions très locales ont été relevées notamment à la Pointe de l’Aiguillon mais aussi des projections et franchissements localisés sur les plages du Moulleau, du Pyla (club de voile, perrés…).
Pour la côte rocheuse basque, bien qu’aucune observation de terrain n’ait été réalisée spécifiquement par l’Observatoire de la Côte Aquitaine pour ces derniers événements tempétueux, il ne semble pas qu’il y ait eu d’érosion côtière forte. Les plages ont toutefois été remodelées et localement abaissées. Des submersions marines par paquet de mer ont été constatées sur l’ensemble du littoral, générant des fermetures de plage et le déploiement de mesures de protection comme sur la Grande Plage de Biarritz (big-bags, reprofilage). Dans l’état des connaissances actuelles, il ne semble pas que ces dernières tempêtes aient généré des érosions particulières sur les falaises rocheuses ou des dégâts importants sur les infrastructures.
Les deux dernières tempêtes (CARMEN et ELEANOR) ont eu des effets visibles sur le littoral aquitain et ont profondément altéré le rôle tampon des plages dans la protection littorale. Néanmoins, elles n’ont pas provoqué des reculs d’amplitude « hors norme » pour ce type d’événement, comme ce fut le cas lors des tempêtes de 2013-2014. Les prochains événements climatiques sont donc à surveiller. Une succession plus importante d’événements tempétueux auraient des conséquences néfastes sur l’état du littoral aquitain.
La note technique, rédigée par l’Observatoire de la Côte Aquitaine, est téléchargeable ci-dessous.
Documents
Type | Titre | Chargé le | Poids |
---|---|---|---|
Note OCA tempêtes Bruno Carmen Eleanor | 11/01/2018 | 2.3 Mo |