Une cartographie de l’aléa érosion côtière à l’échéance 2050 en Charente-Maritime 1er mars 2022

L’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine a publié les résultats de la cartographie de l’aléa recul du trait de côte en Charente-Maritime, réalisée dans le cadre de l’actualisation de la sensibilité régionale à l’érosion côtière.

La caractérisation de l’aléa recul du trait de côte à l’échéance 2050 en Charente-Maritime s’inscrit dans le projet d’actualisation du diagnostic régional de sensibilité à l’érosion côtière, engagé par les membres du GIP Littoral en Nouvelle-Aquitaine et les partenaires de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA). L’ensemble de la démarche est piloté par un comité technique animé par le GIP Littoral, composé des services de l’État, de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Département de la Charente-Maritime, des Communautés de communes et d’agglomérations littorales de la Charente-Maritime, et des partenaires techniques et scientifiques (Conservatoire du Littoral, Cerema, Universités de Bordeaux et de La Rochelle). Le projet est composé de deux volets : la caractérisation de l’aléa recul du trait de côte à l’échéance 2050 produite par l’OCNA, et l’étude de la sensibilité des enjeux à ce phénomène, réalisée par le GIP Littoral.

Initiée à la fin de l’année 2020, la caractérisation de l’aléa recul du trait de côte est le fruit d’une analyse fine des 419 km de littoral étudié, menée en concertation étroite avec les partenaires de l’étude réunis au sein du comité technique.

Linéaire littoral de Charente-Maritime étudié

Le littoral de Charente-Maritime dispose d’une grande richesse environnementale, héritée de son histoire géologique, mais aussi de l’expression variable des agents dynamiques météo-marins responsables de son évolution actuelle. Il comprend dix environnements littoraux distincts au droit des 419 kilomètres de côte : plage de poche, cordon de galets, cordon sableux, dune littorale, marais maritime, flèche sableuse, grande flèche sableuse, falaise rocheuse, polder et port. Chacun de ces environnements possède sa propre dynamique d’évolution, par sa nature, mais aussi en fonction de sa localisation sur le littoral du département.

Exemples d’environnements littoraux présents sur le littoral de Charente-Maritime : falaises rocheuses (à gauche, Meschers-sur-Gironde) et cordon sableux (à droite, Marais de Moëze)

La caractérisation de l’aléa recul du trait de côte a été réalisée selon 4 principales étapes, autour desquelles ont été traitées des questions-satellites, classiques de ce type d’exercice. La méthode mise en œuvre repose sur les données existantes et un traitement homogène de l’aléa à l’échelle départementale, basé sur la connaissance disponible, la digitalisation du trait de côte de référence de 2018 et la définition d’hypothèses partagées de pérennité des ouvrages de protection côtiers à l’échéance 2050.

Schéma conceptuel de la méthode mise en œuvre pour la caractérisation de l’aléa recul du trait de côte en Charente-Maritime à l’échéance 2050

Sur les 55 % du littoral charentais artificialisés, soit 230 km, 136 km (33 % du linéaire départemental) ont ainsi été identifiés comme pérennes à cette échéance, et donc considérés comme non soumis à l’aléa recul du trait de côte. À l’inverse, suivant ces hypothèses, les deux-tiers du littoral départemental sont donc sujets à évolution.

Exemples d’ouvrages qualifiés de pérennes (à gauche : ouvrages patrimoniaux de type fortifications) et d’ouvrages qualifiés de non-pérennes (à droite : ouvrage déconnecté du trait de côte)

L’aléa recul du trait de côte se caractérise par un taux d’évolution moyen annuel (Tx, en m.an) et un recul lié à un évènement majeur (Lmax, en m). Ces valeurs ont été extraites à partir des études et projets existants sur plus des ¾ du littoral étudié, et pour le reste, par expertise. Du fait de la forte exposition du littoral départemental à la submersion marine, une identification des secteurs où ce phénomène est prédominant sur le recul du trait de côte a été conduite. Correspondant à des zones basses connectées à l’océan, la cartographie de l’aléa recul du trait de côte n’y a pas été représentée. Au cours de chaque étape de travail, les incertitudes ont été identifiées. Un exposé des impacts potentiels du changement climatique sur le phénomène de recul du trait de côte est également proposé.

Valeurs des composantes de l’aléa recul du trait de côte (Tx et Lmax) sur le littoral du département de Charente-Maritime

La cartographie de l’aléa recul du trait de côte consiste à représenter la bande d’aléa comprise entre le trait de côte de référence (2018) et la projection du taux d’évolution moyen annuel (Tx) à l’échéance 2050, à laquelle s’ajoute le recul lié à un évènement majeur (Lmax). Les résultats sont fournis à l’échelle du département, des EPCI, illustrés dans un atlas cartographique au 1/5 000éme, représentés sur plusieurs cartes synthétiques, et disponibles dans des couches d’information géographique, où chacune des données produites a été renseignée.

Extrait de l’atlas cartographique au 1/5 000, représentant l’aléa recul du trait de côte (échelle d’origine 1/5 000)

De forts contrastes ont été mis en évidence entre les différentes intercommunalités, à la fois en termes d’ampleur du phénomène (en linéaire et surfaces affectés), mais aussi d’origine de l’aléa recul du trait de côte (Tx ou Lmax). Les différents contextes géomorphologiques en présence, au droit de chaque EPCI, expliquent ce constat. Ainsi, à l’échelle du département, près de 1 000 hectares (985,4 ha) sont concernés par l’aléa recul du trait de côte à l’échéance 2050, soit près de 220 fois la surface du pont de l’Île de Ré, ou encore, correspondant à la superficie d’environ 912 terrains de football.

Superficies affectées par l’aléa recul du trait de côte à l’échéance 2050 pour les EPCI du département de Charente-Maritime

Le linéaire côtier départemental exposé à l’aléa recul du trait de côte à l’échéance 2050, est de 239,3 km, soit 57,1 % du littoral charentais. A l’échelle des EPCI, les intercommunalités de Royan-Atlantique, de l’Île d’Oléron, et de Rochefort Océan comptent plus de 60 % de leur linéaire affecté par l’aléa recul du trait de côte (respectivement 73,7 %, 70,2 % et 62,7 %). Dans une moindre mesure, la Communauté de Communes de l’Île de Ré, la Communauté d’Agglomération de La Rochelle et la Communauté de Communes de Bassin de Marennes possèdent des littoraux exposés à hauteur de 43,4 % et 42,9 % et 37,0 %. La Communauté de Communes d’Aunis Atlantique, au nord du département, n’est pas concernée par cet aléa.

Exemple de résultat cartographique au droit d’un EPCI (Communauté de communes de l’Île d’Oléron) : reculs du trait de côte et interactions potentielles avec le phénomène de submersion marine à l’échéance 2050

Cette étude délivre le socle de connaissances disponible concernant l’aléa recul du trait de côte sur le littoral de la Charente-Maritime. Elle offre également de nouvelles données, tels que le trait de côte de référence de 2018 et l’ensemble des informations qui s’y rattachent : environnement littoral, présence d’ouvrages longitudinaux, valeurs des Tx et Lmax… Enfin, des méthodes de caractérisation de l’aléa recul du trait de côte, dans un contexte de changement climatique, et où coexistent les aléas submersion marine et recul du trait de côte, ont été développées.

Les résultats de cette étude seront réemployés par le GIP Littoral dans le second volet du projet d’actualisation du diagnostic régional de la sensibilité à l’érosion côtière, relatif à l’analyse des enjeux. Ils pourront également alimenter les réflexions en cours ou à venir quant à la gestion du risque de recul du trait de côte en Charente-Maritime, comme les stratégies locales de gestion de la bande côtière ou encore l’élaboration de projets d’aménagement durable du littoral.

Pour aller plus loin : Rapport de l’étude « Diagnostic de la sensibilité régionale à l’érosion côtière en Nouvelle-Aquitaine - Caractérisation de l’aléa "recul du trait de côte" en Charente-Maritime à l’échéance 2050 », Rapport BRGM/RP-71334-FR