102,5 mètres. Telle est la hauteur du point culminant de la Dune du Pilat, relevé le 15 mai dernier par les équipes de l’Observatoire de la Côte Aquitaine lors du suivi annuel du site. Durant toute une journée, trois agents de l’Observatoire arpentent ce monument naturel exceptionnel (long de 2900 m et large de plus de 600 m) et parcourent ainsi l’équivalent de 7 fois la montée de la Dune afin d’étudier son évolution au fil des années.
Depuis 2009, l’Observatoire de la Côte Aquitaine mène des études topographiques et de photo-interprétations afin de comprendre les évolutions de la morphologie et des mensurations de la Dune. Deux processus principaux façonnent celle-ci au cours du temps :
- le phénomène d’érosion / accrétion : actif au niveau du trait de côte (soit l’espace de jonction entre la terre et la mer) ;
- le phénomène dit d’avancée ou de migration dunaire (la Dune se déplace vers la forêt) : déplacement principalement causé par l’action des vents dominants (Ouest) qui transportent chaque jour des millions de grains de sable.
Une année particulièrement active en terme de vent
En 2019, la Dune du Pilat culminait à 106,4 mètres. Un an après, elle a perdu 3,9 mètres à son sommet, situé sur la partie centrale du site. Avec une hauteur de 102,5 mètres, cela en fait l’altitude la plus basse mesurée depuis 2009. Une perte d’altitude de 3,9 mètres avait déjà été mesurée entre 2017 et 2018.
À noter que la crête de la Dune, qui correspond au sommet de la pente raide à l’est et sur laquelle se trouve son point culminant, n’est pas le témoin général de son évolution. Celle-ci est très mobile et peut rapidement se déplacer (avancer ou reculer) au gré du vent, sans toutefois témoigner directement de son avancée vers la forêt, de même que son altitude peut varier rapidement d’un jour à l’autre.
Cette année, la succession de forts coups de vent durant l’automne et l’hiver aurait contribué à entraîner une forte migration de la crête de la Dune vers l’est. Ces déplacements peuvent être minimes sur certains secteurs et parfois atteindre jusqu’à 50 mètres sur d’autres. Ils s’accompagnent cette année par une perte d’altitude de près de 4 mètres du point culminant de la Dune. Cette évolution remarquable est toutefois conforme à la tendance générale, observée depuis quelques années, d’un étalement progressif de la Dune vers la forêt.
Au-delà de l’étude de la limite dune-forêt, l’Observatoire de la Côte Aquitaine s’intéresse fortement à l’évolution du trait de côte, où des changements sont notables depuis 2011. Son évolution se divise en trois secteurs :
- Le nord : zone généralement marquée par une érosion notable ;
- La partie centrale : une zone habituellement stable voire en accrétion (qui avance vers la mer) ;
- Le sud : cette zone est généralement stable ou en érosion mais moins impactée que la partie nord.
- Les agents de l’Observatoire de la Côte Aquitaine lors du cheminement vers le point central de la Dune du Pilat et avant l’installation du matériel
- Installation de la base DGPS au sommet de la Dune du Pilat
Des tendances de recul du trait de côte conformes aux observations des années précédentes
Depuis le début des levés DGPS en 2009, la partie nord de la Dune du Pilat est en érosion chronique avec un recul du trait de côte (pied de dune) moyen de 4 mètres par an. Cette année, on constate une érosion localisée avec un recul un peu plus important (un peu plus de 5 mètres par rapport à 2019) de la zone nord, au niveau de l’ouvrage de la Corniche.
Dans la partie centrale, la zone est restée plutôt stable. Certaines zones de la partie centrale de la Dune sont néanmoins marquées par une accrétion notable, avec une avancée vers la mer qui peut atteindre plus de 10 mètres par endroits, notamment au niveau du profil dit de Lartigon (cf carte ci-dessus).
La partie sud de la Dune du Pilat reste, elle, plutôt stable avec peu d’érosion constatée cette année encore.
Très mobile par nature, la Dune du Pilat poursuit son évolution vers l’est. Les suivis réguliers menés par l’Observatoire de la Côte Aquitaine permettent de mieux caractériser ces mouvements, dans un secteur où les enjeux sont nombreux tels que les campings et la route départementale situés à proximité. À noter que la forte activité éolienne de l’hiver passé se retrouve un peu partout sur la côte aquitaine, où de nombreux déplacements de dunes blanches* ont été observés.
Des suivis essentiels pour les acteurs territoriaux
Depuis 1998 et de manière optimisée depuis 2002, l’Observatoire de la Côte Aquitaine réalise des levés de terrain au GPS différentiel (précision centimétrique) chaque année au printemps (après les tempêtes hivernales), et ce du mois d’avril à la fin du mois de juin. Exceptionnellement cette année du fait de la crise sanitaire liée au COVID-19, deux équipes ont travaillé simultanément sur la Gironde et les Landes au mois de mai. Le mois de juin était, lui, dévolu aux suivis de la Côte basque et au Bassin d’Arcachon.
L’ensemble des suivis réalisés sur le littoral aquitain ont pour objectifs de comprendre la dynamique du trait de côte, à plusieurs échelles de temps, et de prévoir son évolution future en prenant en compte notamment les impacts du changement climatique. Ces données constituent un socle de référence pour l’environnement littoral et permettent à l’Observatoire d’apporter régulièrement un appui aux politiques publiques portées par ses partenaires financeurs ‐ services de l’État, de la Région, des Conseils départementaux et du SIBA ‐ mais également par les collectivités locales, le Conservatoire du littoral ou encore le GIP Littoral.
Après les suivis sur le terrain et la collecte des données, vient la phase de traitement puis d’analyse de celles-ci afin de compléter le bilan des plages à la sortie de l’hiver et compléter, de façon quantitative, les nombreuses observations de terrain recueillies durant l’hiver par les observateurs de l’OCA. Les résultats devraient être disponibles à l’automne.
Lors de la campagne 2018, une équipe de tournage a suivi les agents de l’OCA en mission sur 4 sites emblématiques du littoral aquitain : la Dune du Pilat à La Teste-de-Buch (33), le site d’Erretegia à Bidart (64), le courant d’Huchet à Moliets-et-Maâ (40) et l’île aux oiseaux à La Teste-de-Buch (33).
Vous pouvez découvrir ce court film ci-dessous afin de mieux comprendre le déroulé d’une mission, ses spécificités d’un environnement à un autre, les objectifs et les résultats attendus.
Contact presse : Pauline DOUILLAC, responsable communication, Observatoire de la Côte Aquitaine - 05 57 26 52 87 - 06 23 16 46 41 - p.douillac@brgm.fr
* Dune blanche : zone de forte accumulation sableuse, elle constitue un obstacle net entre la plage et l’arrière-dune. Elle est le plus souvent ornée d’une prairie claire dominée par l’Oyat.