L’hiver 2024-2025 sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine

Cette page vise à diffuser les observations réalisées par les membres du Réseau tempêtes de l’Observatoire de la Côte de Nouvelle-Aquitaine après l’été 2024 et durant l’hiver 2024-2025. Un compte-rendu sera publié après chaque événement tempétueux ayant fait l’objet d’un suivi par les membres de ce réseau. Un bilan général sera dressé à la fin de la saison hivernale.

Synthèse de l’état des plages post-été

Le suivi de l’état des plages après la saison estivale est un relevé effectué pour la première fois en fin d’été 2023 et qui a vocation à être renouvelé au cours des prochaines années. Ce relevé est réalisé par des techniciens de terrain de l’Office national des forêts (ONF), membres de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, sur l’ensemble des linéaires sableux de la région Nouvelle-Aquitaine où l’ONF intervient, soit plus de 300 kilomètres. L’objectif est de disposer d’un état des lieux à la sortie de l’été après les rechargements de plage naturels estivaux et d’évaluer la capacité de la plage à pouvoir ou non protéger le cordon dunaire lors des tempêtes hivernales. Le suivi 2024 a été assuré par 15 techniciens ONF et s’est déroulé sur une semaine entre le 16 et le 20 septembre 2024 par coefficients de marée supérieurs à 80.

Pour obtenir un indice synthétique de l’état des plages post-été, deux zones ont été prioritairement analysées :

  • L’arrière-plage, définie ici comme la zone située au-dessus des laisses de haute mer moyenne ou au-dessus de la berme lorsqu’elle est présente ;
  • L’avant-plage, définie ici comme la zone de l’estran située entre le niveau de haute mer moyenne et le niveau de basse mer moyenne.
Schéma de la zone d’étude
Source : ONF

Les éléments qualitatifs et quantitatifs suivant sont utilisés pour attribuer le niveau d’état des plages aux différents linéaires de plage couverts par les relevés de l’ONF : forme de l’estran ; présence ou non d’une berme ; largeur de la berme ; distance entre la laisse de haute met et le trait de côte ; état du pied de dune ; présence ou non de paléosols.

L’état des plages est alors classé en trois niveaux définis à dire d’expert par chacun des techniciens ONF/OCNA :

  1. Correct : Les apports de sable estivaux sont présents et joueront un rôle de protection efficace de la dune lors des premières tempêtes hivernales ;
  2. Moyen : Les apports de sable estivaux existent mais sont trop limités pour protéger durablement la dune des premières tempêtes hivernales ;
  3. Faible : L’état des plages avant l’hiver présente des faiblesses anormales et la dune est en position de vulnérabilité face aux premières tempêtes hivernales ;

Sur l’ensemble de la zone d’étude, plus de 45,3 % du linéaire de plage décrit est considéré comme « correct », c’est-à-dire que les apports de sable estivaux pourront jouer un rôle de protection efficace. Les plages ayant un niveau moyen ou faible se répartissent le reste, à hauteur respectivement de 38,4 % et 16,3 %.

Répartition en kilomètres de l’état des plages après l’été 2024 sur l’ensemble du linéaire côtier suivi par l’ONF en Nouvelle-Aquitaine
Source : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, ONF

La répartition par département fait apparaître de nombreuses disparités. En effet, seulement 4,6 % du littoral des Landes est caractérisé par un état des plages « faible » alors que ce taux dépasse 19 % en Gironde et 27,1 % Charente-Maritime.

Répartition en pourcentage de l’état des plages après l’été 2024 sur le linéaire côtier suivi par l’ONF en Charente-Maritime, Gironde et dans les Landes
Source : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, ONF

Le niveau d’état des plages post-été 2024 suit un gradient nord/sud : il est globalement « moyen » voire « faible » en Charente-Maritime, majoritairement « moyen » en Gironde avec toutefois des sites en bénéfice sédimentaire. Enfin l’état des plages est très majoritairement satisfaisant dans les Landes avec très peu de sites en déficit.

Cartographie de la synthèse de l’état des plages après l’été 2024
Source : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, ONF

Le rapport de l’Observatoire présentant la synthèse de l’état des plages post-été 2024 est accessible depuis ce lien.

Tempête Darragh (7 et 8 décembre 2024)

Le passage de la tempête Darragh sur la France a été à l’origine de conditions météo-marines relativement intenses sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine du samedi 7 au dimanche 8 décembre 2024. Lors du passage de cette tempête, la pression de surface est restée relativement élevée, avec des valeurs minimales de pression mesurées autour de 1010-1020 hPa aux stations de Chassiron, Biscarrosse et Socoa. En revanche, cet évènement s’est traduit par des conditions de forts vents du samedi matin jusqu’au dimanche soir, qui ont été plus intenses dans le Pays basque. Le vent moyen (en rafale) a atteint des valeurs maximales de 69-77 km/h (116-119 km/h) aux stations de Chassiron, Cap Ferret et Biscarrosse tandis qu’une valeur maximale de 87 km/h (149 km/h) a été mesurée à la station de Socoa.

Cette tempête a généré de fortes vagues qui ont atteint l’ensemble du littoral de Nouvelle-Aquitaine, avec un pic d’intensité qui s’est étalé du samedi milieu de journée jusqu’au dimanche fin d’après-midi. Des hauteurs significatives maximales de vagues de 6,4-8,0 m et des hauteurs maximales de vagues de 11,8-16,2 m ont été relevées aux bouées Oléron Large, Cap Ferret et Anglet. Ces conditions météo-marines se sont accompagnées de coefficients de marée faibles et décroissants, allant de 58 le samedi à 53 le dimanche. Le niveau marin total maximal (surcote maximale) a atteint 5,69 m Cote Marine (0,44 m) au marégraphe de La Rochelle La Palice, 4,12 m CM (0,51 m) au marégraphe d’Arcachon Eyrac et 4,07 m CM (0,43 m) au marégraphe de Saint-Jean-de-Luz Socoa.

Maximum journalier de l’impact érosif prévu dans le bulletin de surveillance érosion de l’OCNA paru le samedi 7 décembre 2024
Source : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

Les observations, réalisées par les membres du Réseau tempêtes à la suite de cet évènement, ont permis de réaliser une cartographie de divers impacts (e.g. érosion marine, submersion marine, mouvement de terrain) à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine (voir ci-dessous). Les principaux constats sont les suivants :

  • Le littoral de Nouvelle-Aquitaine a été peu impacté par la tempête Darragh en matière d’érosion marine.
  • Il a principalement été observé des abaissements de plage et des lissages de berme, qui sont typiques d’un début de saison hivernale.
  • La formation d’importants coins sableux en pied de dune a été observée de manière assez généralisée, ce qui témoigne d’un transport éolien intense durant l’évènement. Ce constat se confirme aussi par l’ensablement complet de nombreux filets brise-vent installés récemment en haut de plage à l’Ile de Ré, La Teste-de-Buch et Mimizan.
  • Quelques érosions marines du pied de dune ont été observées, avec toutefois une intensité relativement faible comme observé à La Teste-de-Buch au sud de La Salie Nord et au sud du Petit Nice. Ces érosions marines ont parfois été comblées partiellement par les placages de sable en pied de dune, comme observé sur le secteur allant du courant de Contis au courant d’Huchet.
  • Des franchissements par paquets de mer ont pu se produire sur la plage d’Erromardie sur la commune de Saint-Jean-de-Luz.
  • Il n’a pas été porté à la connaissance du Réseau tempêtes de mouvements de terrain pouvant être mis en relation avec le passage de cette tempête.
Cartographie des impacts (érosion/submersion) de la tempête Darragh du 07-08/12/2024 sur le littoral de la Charente-Maritime, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine
Cartographie des impacts (érosion/submersion) de la tempête Darragh du 07-08/12/2024 sur le littoral de la Gironde, des Landes et du Pays basque, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

Le compte-rendu du Réseau tempêtes faisant le bilan de cet évènement météo-marin (tempête Darragh) est téléchargeable depuis ce lien. Une fiche dédiée à cet évènement a également été créée dans la base de données tempêtes, accessible depuis ce lien.

Tempêtes Herminia (27-28 janvier 2025) et Ivo (30 janvier 2025)

Le passage de chacune de ces deux tempêtes a été associé à une légère baisse de la pression atmosphérique, plus marquée pour la tempête Herminia. Les valeurs minimales de pression mesurées aux stations de Chassiron, Biscarrosse et Socoa ont été respectivement d’environ 991, 996 et 1000 hPa. Des conditions de forts vents ont été observées sur toute la durée de cet évènement avec une atténuation temporaire du vent entre les deux tempêtes (mercredi matin). Lors du passage de la tempête Herminia, le vent a été globalement plus intense à Chassiron et au Cap Ferret qu’à Socoa. Lors de son pic d’intensité durant Herminia, le vent provenait du secteur sud-ouest à Chassiron et au Cap Ferret et du secteur ouest à Socoa. Lors du passage de la tempête Ivo, le vent a été globalement plus intense à Socoa qu’à Chassiron et au Cap Ferret. Lors de son pic d’intensité durant Ivo, le vent provenait des secteurs sud-sud-est à sud-sud-ouest à Chassiron, des secteurs sud-sud-ouest à sud au Cap Ferret et des secteurs ouest-sud-ouest à nord-ouest à Socoa. A partir d’une sélection de stations météo situées proche de la côte, il apparait que le vent moyen (en rafale) a atteint des valeurs maximales de 56-82 km/h (102-129 km/h) sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine.

Ces tempêtes ont généré de fortes vagues qui ont atteint l’ensemble du littoral de Nouvelle-Aquitaine, avec un premier pic d’intensité, associé à la tempête Herminia, qui s’est étalé du lundi milieu de matinée au mardi soir. Le second pic d’intensité, associé à la tempête Ivo, s’est produit sur une période plus courte avec un léger déphasage du nord vers le sud. Il s’est manifesté durant la nuit du mercredi au jeudi à la bouée Oléron Large, dans la matinée du jeudi à la bouée Cap Ferret et en milieu de journée à la bouée Saint-Jean-de-Luz. Lors de la tempête Herminia, des hauteurs significatives maximales de vagues de 7,6-8,2 m et des hauteurs maximales de vagues de 13,2-15,9 m ont été relevées aux bouées Oléron Large, Cap Ferret et Anglet. Lors de la tempête Ivo, des hauteurs significatives maximales de vagues de 5,5-6,1 m et des hauteurs maximales de vagues de 9,4-9,9 m ont été relevées aux bouées Oléron Large, Cap Ferret et Anglet.

Ces conditions météo-marines se sont accompagnées de coefficients de marée moyens à élevés et croissants, allant de 55 le lundi à 93 le jeudi. Le niveau marin total maximal (surcote de marée haute maximale) a atteint 6,64 m Cote Marine (0,91 m) au marégraphe de La Rochelle La Palice, 5,11 m CM (0,97 m) au marégraphe d’Arcachon Eyrac et 4,73 m CM (0,51 m) au marégraphe de Saint-Jean-de-Luz Socoa.

Maximum journalier de l’impact érosif prévu dans le bulletin de surveillance érosion de l’OCNA paru le lundi 27 janvier 2025
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine
Maximum journalier de l’impact érosif prévu dans le bulletin de surveillance érosion de l’OCNA paru le mercredi 29 janvier 2025
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine

Les observations réalisées par les membres du Réseau tempêtes, à la suite de ces deux évènements, ont permis de réaliser une cartographie de divers impacts (e.g. érosion marine, submersion marine, mouvement de terrain) à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine. Les principaux constats sont les suivants :

  • Les tempêtes Herminia et Ivo ont généré de l’érosion marine en de nombreux secteurs du littoral de Nouvelle-Aquitaine.
  • Cette érosion a souvent été caractérisée par des petits reculs du pied de dune ou de l’avant-dune de 1 à 2 m sur des courts linéaires rarement supérieurs à plusieurs centaines de mètres.
  • Quelques entailles d’érosion marine plus profondes et/ou plus longues ont quand même été observées, comme sur la façade ouest des communes de Saint-Denis-d’Oléron et de Saint-Georges-d’Oléron, à la Pointe Espagnole à la Tremblade, sur la plage de la Grande Côte à Saint-Palais-sur-Mer, sur les plages du Nord Médoc, sur les côtes adjacentes à l’embouchure du bassin d’Arcachon et dans le centre Landes.
  • En Gironde et dans les Landes, il a été observé un abaissement généralisé du haut de plage et un lissage des bermes qui avaient perduré depuis le début de la saison-hivernale. Dans les Landes, seules les plages d’Ondres et de Tarnos semblent avoir peu évoluées. Au Pays basque, des abaissements du haut de plage significatifs ont été constatés à Ilbarritz, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz et à Hendaye.
  • Des franchissements par paquets de mer notables ont été constatés à Loix-en-Ré, à Lège-Cap-Ferret (zone intra-bassin), à Capbreton et en de multiples secteurs au Pays basque, occasionnant parfois des dégâts matériels (e.g. Guéthary, Biarritz).
  • Il n’a pas été porté à la connaissance du Réseau tempêtes de mouvements de terrain pouvant être mis en relation avec le passage de cette tempête.

Le compte-rendu du Réseau tempêtes faisant le bilan de ces deux évènements météo-marins (tempêtes Herminia et Ivo) est téléchargeable depuis ce lien. Des fiches dédiées à ces évènements ont également été créées dans la base de données tempêtes, accessible depuis ces liens Herminia et Ivo.

Cartographie des impacts (érosion/submersion) des tempêtes Herminia (27-28/01/2025) et Ivo (30/01/2025) sur le littoral de la Charente-Maritime, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine
Cartographie des impacts (érosion/submersion) des tempêtes Herminia (27-28/01/2025) et Ivo (30/01/2025) sur le littoral de la Gironde, des Landes et du Pays basque, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Crédit image : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine