L’hiver 2022-2023 sur le littoral néo-aquitain

Cette page recense l’ensemble des observations réalisées par les membres du Réseau tempêtes de l’Observatoire de la Côte de Nouvelle-Aquitaine durant l’hiver 2022-2023. Un résumé et une note de synthèse seront publiés après chaque événement tempétueux. Un bilan général sera dressé à la fin de la saison hivernale. D’ici à la fin de l’année, l’équipe de l’Observatoire complètera cette page avec un encart de suivi de l’état des plages et des conditions énergétiques de l’hiver.

Focus sur l’état des plages en début d’automne

La saison estivale 2022 a permis de recharger les plages de Nouvelle-Aquitaine de manière significative dans une très grande majorité, les rendant résistantes face aux premiers événements hivernaux.

Les secteurs où le rechargement en sable a été limité sont ceux habituels, soit le nord Médoc (Soulac-sur-Mer, Carcans, Lacanau), le sud du bassin d’Arcachon (La Teste-de-Buch, Biscarrosse) et le sud des Landes (Seignosse, Hossegor et Labenne), avec toutefois une grande hétérogénéité.

Ce premier bilan a été réalisé grâce au Réseau tempêtes de l’OCNA. Émanation de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA), le Réseau tempêtes a pour mission la surveillance du littoral face aux évènements érosifs. À l’heure actuelle, il déploie une organisation technique et humaine sur les 350 km de côte de l’ex-région Aquitaine pour informer sur les impacts potentiels des tempêtes, observer et mieux comprendre leurs conséquences (cf rapport en bas de page).

Caractéristiques et bilan des zones nord Médoc et nord Bassin d’Arcachon

Malgré de gros coefficients de marées survenus mi-octobre 2022, les plages du nord Médoc sont encore bien chargées en sable. Ce fort ensablement du haut de plage a engendré une montée de l’océan en pied de dune, notamment sur les zones en érosion chronique.

  • Sur les secteurs de Montalivet - Vensac, pas de bermes mais de nombreux et importants coins sableux sont apparus. Aucun déficit n’a été observé à la fin de la saison estivale, qui laisse une capacité de résilience importante au système dunaire.
  • Sur les secteurs de Carcans - Hourtin, des bermes rectilignes discontinues se sont fortement constituées. Les largeurs de plage étant assez faibles, le vent et les houles ont commencé à redistribuer ces accumulations  : saupoudrage de sable sur la dune.
  • L’Office national des forêts recense de nombreuses bermes discontinues sur les secteurs de Carcans et Lacanau. Celles-ci sont globalement larges (puisqu’elles atteignent 20 à 35 mètres) et hautes (de 1,5 à 2,5 mètres). Les banquettes et dune embryonnaires conservent, elles, une bonne dynamique.
Photographie de l’état de la plage de Carcans-Plage
  • La saison hivernale 2021-2022, plutôt clémente aux niveaux érosions marine et éolienne, avait déjà laissé des plages bien constituées en début d’été. Les houles printanières et estivales, ainsi que de récents apports de sable ont reconstitué des bermes très imposantes et quasi continues. Du Porge à Lège, les bermes continues peuvent mesurer plus de 2 mètres de haut pour une largeur comprise entre 30 et 40 mètres. Ces dernières se caractérisent dans leur configuration optimum sur l’ensemble du secteur sud de Lacanau Océan.
Photographie de l’état de la plage de La Jenny au Porge (Gironde)

Si la berme est plus discontinue au nord (avec une alternance de phases lisses et plus épaisses), la largeur et l’épaisseur globale est très satisfaisante en ce début d’automne.

Caractéristiques et bilan de la zone sud bassin d’Arcachon (Gironde et Landes)

  • Les secteurs de La Teste-de-Buch et Biscarrosse sont caractéristiques du littoral de Nouvelle-Aquitaine avec des plages au profil légèrement bombé et une alternance de zones en érosion  : la Corniche, le Gaillouneys, le Petit Nice sud. Quant aux bermes, elles se sont formées au sud de la Salie et du Trencat.
  • Biscarrosse et Mimizan : secteurs pourvus de bermes continues de 2 mètres de haut et apparaissant généralement à 40-50 mètres du trait de côte. Les remontées de terrain du Réseau tempêtes ont montré une alternance de zones à faible érosion et de plages au profil bombé, tout comme les secteurs précédents.
  • Ces bermes continues prospèrent au nord de Mimizan, jusqu’à Lespecier. Elles deviennent alors discontinues jusqu’à Contis. Celles-ci avoisinent les 2 mètres de hauteur. Nous pouvons dès lors constater un début d’étalement vers l’océan Atlantique, lié aux périodes de gros coefficients. Plusieurs épisodes de fortes vagues se sont succédés mi-septembre et mi-octobre.
  • Lit-et-Mixe alterne des zones avec et sans bermes. Lorsqu’elles sont présentes, les bermes sont rectilignes, de 2 mètres de hauteur et sont étalées plutôt sur l’avant plage. Dans certains secteurs, les bermes sont quasi inexistantes. Il reste tout de même quelques bermes résiduelles de moins d’un mètre. Ces profils de plage convexe possèdent une succession de fort abaissement et des falaises de haut de plage.
  • Pour Moliets et Soustons, nous pouvons noter la présence de bermes en croissants aplanies peu éloignées du trait de côte (de 20 à 30 mètres) et de hauteur entre 1,5 et 3 mètres. De manière générale, l’état actuel des plages permettra d’affronter les premiers événements hivernaux.
Photographies de l’état des plages, zone sud bassin d’Arcachon

Bilan sur l’impact du coup de mer de fin novembre 2022 (21-25 novembre 2022)

Plusieurs épisodes de fortes vagues ont touché la côte de Nouvelle-Aquitaine courant novembre.

Une première séquence a eu lieu en début de mois avec un pic de vagues dans la matinée du vendredi 04/11 (vent moyen de l’ordre 60-70 km/h et hauteurs significatives de 5 à 6 m concomitants avec des coefficients modérés d’environ 60) suivi d’un second pic généré par l’ouragan Martin du dimanche 06/11 soir au lundi 07/11 (caractérisé par une hauteur significative de vagues plus faible de l’ordre de 3 à 4 m concomitant avec des coefficients de marée plus importants de 88 et 90). Cette première séquence n’a pas généré de recul notable mais a fragilisé les plages en début de saison.

La seconde séquence est intervenue fin novembre avec le passage d’une dépression la semaine du 21 novembre. Le pic de vagues d’ouest nord-ouest du 22 novembre (hauteurs significatives de 6 à 7 m) était associé à de forts vents d’ouest (de l’ordre de 60 m/s) mais des coefficients de marée modérés autour de 80. Cependant, les coefficients de marée en augmentation (de 74 lundi 21/11 à 94 le samedi 26/11) et le maintien de conditions assez énergétiques (hauteurs significatives supérieures à 5m) en fin de semaine ont engendré des conditions propices à l’érosion pendant plusieurs jours.

Les remontées du Réseau tempêtes après cette seconde séquence ont permis les constats suivants :

  • Une certaine hétérogénéité des impacts érosifs le long de la côte de Nouvelle-Aquitaine avec de nombreux sites sans évolutions significatives et d’autres, parfois proches, avec des reculs importants.
  • Des impacts érosifs sévères mais relativement localisés avec des reculs dunaires importants dans le sud de l’ile d’Oléron (jusqu’à 7 m), à l’extrémité nord du littoral de la Tremblade (entre 10 et 20 m), sur la commune du Verdon-sur-Mer (jusqu’à 4 m) et de Soulac-sur Mer (jusqu’à 4 m), mais aussi à l’intérieur de l’estuaire de la Gironde au niveau de la plage de la Lède (jusqu’à 3 m).
  • Des impacts érosifs forts ponctuellement dans les Landes et à la racine de la flèche du Mimbeau à Lège-Cap Ferret.
  • Des impacts érosifs faibles à moyens en Gironde entre Vensac et Le Porge avec la disparition des bermes ou l’abaissement des niveaux de plage avec une atteinte du pied de dune sans recul significatif.
  • Peu ou pas d’impact du littoral de Lège-Cap-Ferret et à Veille-Saint-Girons.
  • L’ouverture de quelques siffle-vent non protégées dans les dunes de la commune de Vieux-Boucau dans les Landes.

Aucune information concernant la submersion marine et l’occurrence de mouvement de terrain en lien avec cet évènement n’a été partagée au sein du Réseau tempêtes.

Cartographie des impacts (érosion/submersion) des houles du 21 au 25/11/2022 sur le littoral de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Cartographie des impacts (érosion/submersion) des houles du 21 au 25/11/2022 sur le littoral de la Charente-Maritime, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA

Bilan après le passage de la tempête Larisa du 10 mars 2023

La tempête Larisa s’est traduite par des conditions de fort vent d’ouest dans la nuit du 9 au 10 mars 2023 avec des vitesses moyennes de 40 km/h sur la côte basque à 60 km/h au niveau de la Gironde. De fortes vagues avec des périodes élevées ont également été mesurées sur toute la façade atlantique avec des hauteurs significatives allant de 5 m au Pays Basque jusqu’à 7 m à l’entrée des Pertuis en Charente-Maritime.

Ces conditions ont engendré des surcotes de plusieurs dizaines de centimètres selon les secteurs dans un contexte de fort coefficient de marée (90). Les niveaux marins mesurés à la pleine mer du 10 mars matin ont atteint 4,77 m CM (surcote de pleine mer ≈ 50 cm) à Eyrac et 4,46 m CM (surcote de pleine mer ≈ 24 cm) à Bayonne-Boucau. Le niveau marin a donc été relativement élevé sans être exceptionnel.

Météo-France a prévu une Vigilance Vagues Submersion jaune sur toute la façade.

Les remontées terrain du Réseau tempêtes pour cet évènement ont permis de faire les constats suivants :

  • De manière générale, peu d’impact érosif important a été constaté sur le littoral de Nouvelle-Aquitaine excepté sur les secteurs vulnérables à l’aléa érosion (Nord Médoc, secteur au sud du Bassin d’Arcachon). Les conditions météo-marines relativement clémentes du mois de février ont contribué à la reconstruction des plages en cours d’hiver et à l’atténuation des impacts potentiels de cette tempête en matière d’érosion.
  • Des impacts érosifs sévères ont été relevés sur le littoral du Verdon-sur-Mer, de Soulac-sur-Mer, de Vendays-Montalivet et au niveau de la plage du Petit Nice à La Teste-de-Buch.
  • Des impacts érosifs forts ont été constatés ponctuellement sur le littoral d’Hourtin et dans les Landes et plus particulièrement entre Contis-Plage et le Cap de l’Homy.
  • Des impacts érosifs faibles à modérés ont été concentrés uniquement sur le haut de plage sur le littoral de l’île de Ré et de l’île d’Oléron et sur le littoral du Centre et Sud Gironde et du Sud Landes.
  • L’occurrence de forts vents a conduit à la rupture de nombreuses branches d’arbres sur le Bassin d’Arcachon.
  • Des franchissements ont été constatés à Loix-en-Ré et au Teich et des débordements habituels ont été observés à Biganos au niveau des ports. En revanche, aucune submersion n’a été constatée sur les communes de Lège-Cap-Ferret, Andernos-les-Bains et Lanton (pas d’information sur les autres communes du Bassin d’Arcachon).
Cartographie des impacts (érosion/submersion) de la tempête Larisa du 10/03/2023 sur le littoral de la Gironde, des Landes et du Pays Basque, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA
Cartographie des impacts (érosion/submersion) de la tempête Larisa du 10/03/2023 sur le littoral de la Charente-Maritime, générée par la compilation des observations de terrain portées à connaissance des membres du Réseau tempêtes de l’OCNA