En 2023, la Dune du Pilat culmine à 103,6 mètres, soit plus d’un mètre de plus que la hauteur relevée en 2022 31 juillet 2023

La plus haute dune d’Europe évolue au fil des mois et des années et gagne, ou perd, quelques grains de sable selon les années. Au mois de mai 2023, le point culminant de la Dune a été mesuré à 103,6 mètres, soit 1,2 mètre de plus que la hauteur relevée en 2022 à la même période. L’évolution de cette majestueuse dune de sable naturelle vient d’être mesurée dans le cadre des actions de suivi menées, depuis 2009, par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA). Explications.

103,6 mètres. Telle est la hauteur du point culminant de la Dune du Pilat, relevé le 12 mai dernier par l’équipe de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors du suivi annuel du site. Durant toute une journée, trois agents de l’Observatoire arpentent ce monument naturel exceptionnel (long de 2,9 km et large de 616 m) et parcourent ainsi l’équivalent de 7 fois la montée de la Dune afin d’étudier son évolution au fil des années.

Depuis 2009, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine mène des études topographiques et de photos interprétations afin de comprendre les évolutions de la morphologie et des mensurations de la Dune. Deux phénomènes principaux façonnent celle-ci au fur et à mesure des années :

  • l’érosion / accrétion : actives au niveau du trait de côte (soit l’espace de jonction entre la terre et la mer) ;
  • l’avancée ou migration dunaire (la Dune se déplace vers la forêt) : déplacement principalement causé par l’action des vents dominants (Ouest) qui transportent chaque jour des millions de grains de sable vers l’intérieur des terres.

Une saison hivernale plutôt clémente par rapport aux années précédentes

L’an dernier, la Dune du Pilat culminait à 102,4 mètres, soit l’altitude la plus basse mesurée depuis 2009. Un an après, elle a gagné 1,2 mètre à son sommet, situé sur la partie centrale du site. Avec une hauteur de 103,6 m, l’altitude dépasse les hauteurs mesurées en 2020 et 2022 mais reste inférieure aux autres mesures annuelles menées depuis 2009. On note une perte d’altitude de 5,5 m entre 2009 et 2022. Pour rappel, l’altitude maximum atteinte par la Dune était de 110,5 m en 2017.

À noter que la crête de la Dune n’est pas le témoin général de l’évolution de la dune. La crête est très mobile et peut rapidement se déplacer (avancer ou reculer) au gré du vent, sans toutefois témoigner directement de l’avancée de l’ensemble de l’édifice vers la forêt. De même, l’altitude maximale de la Dune peut varier rapidement d’un jour à l’autre.

Après une saison estivale 2022 propice au rechargement d’une très grande majorité des plages océaniques de la région, les rendant plus résistantes face aux premiers événements hivernaux, deux épisodes significatifs de fortes vagues et de vent ont touché la côte : en novembre 2022 et lors de la tempête Larisa, début mars 2023. Ces conditions particulièrement énergétiques favorisent les évolutions des cordons dunaires et sont généralement à l’origine de déplacements qui peuvent atteindre plusieurs mètres, voire quelques dizaines de mètres selon les secteurs.

La Dune du Pilat n’échappe pas à ces conditions environnementales responsables d’un déplacement constant de l’édifice vers la forêt. Ce déplacement de la crête vers l’est est d’ailleurs plus rapide que celui du trait de côte (pied de dune côté océan), témoignant d’un étalement progressif de la Dune. Cette mécanique se traduit en 2023, comparativement à 2022, par un déplacement du sommet de la Dune d’environ 120 m en direction du nord-est, et par un gain d’altitude d’un peu plus d’un mètre de son sommet.

Evolution planimétrique du trait de côte et de la Dune du Pilat entre 2022 et 2023

Au-delà de l’étude de la limite dune-forêt, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine s’intéresse fortement à l’évolution du trait de côte, où des changements sont notables depuis 2011. Son évolution se divise en trois secteurs :

  • Le nord : zone généralement marquée par une érosion notable ;
  • La partie centrale : une zone habituellement stable voire en accrétion (qui avance vers la mer) ;
  • Le sud : cette zone est généralement stable ou en érosion mais moins impactée que la partie nord.
Les agents de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors du cheminement vers le point central de la Dune du Pilat et avant l’installation du matériel
Un agent de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine lors de la mission annuelle de 2023

Une érosion peu marquée entre 2022 et 2023

Depuis le début des levés DGPS en 2009, la partie nord de la Dune du Pilat est en érosion chronique avec un recul du trait de côte (pied de dune) moyen de 4 mètres par an. Cette tendance se vérifie entre 2022 et 2023, on constate une érosion moyenne d’environ 2 mètres sur les 100 mètres au sud de l’ouvrage de la Corniche. Ce secteur était resté cependant relativement stable entre 2021 et 2022 avec une accrétion moyenne de 0,5 mètre.

La partie centrale est restée plutôt stable entre les profils dit de Lartigon et de la Forêt. Certains secteurs de la partie centrale de la Dune sont néanmoins marqués par une érosion notable, avec un recul vers la forêt qui peut atteindre près de 4 mètres entre 2022 et 2023, entre le profil dit de La Forêt et du Sud (cf carte ci-dessus).

La partie sud de la Dune du Pilat reste, plutôt stable voire en accrétion, avec peu d’érosion constatée cette année encore.

Très mobile par nature, la Dune du Pilat poursuit son évolution vers l’est. Les suivis réguliers menés par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine permettent de mieux caractériser ces mouvements, dans un secteur où les enjeux sont nombreux tels que les campings et la route départementale situés à proximité.

Des suivis essentiels pour les acteurs territoriaux

Depuis 1998 et de manière optimisée depuis 2002, l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine réalise des levés de terrain au GPS différentiel (précision centimétrique) chaque année au printemps (après les tempêtes hivernales), et ce de la fin du mois de mars au mois de juin.

L’ensemble des suivis réalisés sur le littoral a pour objectifs de comprendre la dynamique du trait de côte, à plusieurs échelles de temps, et de prévoir son évolution future en prenant en compte notamment les impacts du changement climatique. L’analyse des données recueillies lors de la campagne de terrain permet ainsi :

  • la quantification de l’évolution du trait de côte et de sa variabilité, le long de la côte ex-aquitaine notamment au droit des secteurs littoraux aménagés ;
  • une meilleure compréhension des rythmes d’évolution à différentes échelles de temps (événementielle, saisonnière, interannuelle, pluriannuelle et séculaire) grâce au croisement avec d’autres données (par exemple, la campagne topographique aéroportée « lidar » annuelle) ;
  • et une meilleure caractérisation de l’aléa recul du trait de côte sur le littoral ex-aquitain, en lien avec les effets du changement climatique.

Les levés réalisés chaque année au DGPS sur les trois environnements littoraux côte sableuse aquitaine, bassin d’Arcachon, côte rocheuse basque, sont désormais consultables et interrogeables sur le site Internet de l’Observatoire via le service numérique « Fiches transects ».

Après les suivis sur le terrain et la collecte des données, vient les phases de traitement puis d’analyse afin de compléter le bilan des plages à la sortie de l’hiver et compléter, de façon quantitative, les nombreuses observations de terrain recueillies durant l’hiver par les observateurs de l’OCNA. Le bilan général de l’état des plages post-hiver 2022-2023 devrait être finalisé à l’automne.

Lors de la campagne 2018, une équipe de tournage a suivi les agents de l’OCNA en mission sur 4 sites emblématiques du littoral aquitain : la Dune du Pilat à La Teste-de-Buch (33), le site d’Erretegia à Bidart (64), le courant d’Huchet à Moliets-et-Maâ (40) et l’Ile aux oiseaux à La Teste-de-Buch (33).

Vous pouvez découvrir ce court film ci-dessous afin de mieux comprendre le déroulé d’une mission, ses spécificités d’un environnement à un autre, les objectifs et les résultats attendus.

En immersion avec les équipes de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine sur 4 sites aquitains

Contact presse : Pauline SALINIER DOUILLAC, responsable communication, Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, 05 57 26 52 87 - 06 77 03 60 19, p.douillac@brgm.fr