Bassin d’Arcachon : un programme d’observation du littoral pour mieux appréhender les évolutions de la lagune 29 avril 2020

Dans l’objectif d’améliorer la connaissance sur ce milieu et de suivre son évolution, l’Observatoire de la Côte Aquitaine (OCA) a mis en place un programme annuel de suivi géomorphologique du littoral du Bassin d’Arcachon.

En tant que lagune semi-ouverte sur l’océan, le Bassin d’Arcachon est une entité singulière au sein de la côte de Nouvelle-Aquitaine. Il concentre de nombreux usages étroitement liés à son environnement lagunaire, tels que le tourisme, la conchyliculture ou encore la plaisance.

Exemples d’environnements côtiers du Bassin d’Arcachon : A/ Bassins endigués ; B/ plages sableuses et schorre ; C/ lacs de tonne aménagés au sein du schorre et chenal ; D/ parcelles ostréicoles et flèche sableuse

Le littoral du Bassin d’Arcachon évolue, outre les actions anthropiques, au gré des conditions météo-marines, formées essentiellement par la houle, le niveau marin et le vent et les courants. Elles façonnent alors la morphologie de la lagune et de son littoral. Lorsque ces conditions sont particulièrement agitées, elles peuvent conduire à des érosions au niveau du trait de côte ou encore des submersions marines à l’intérieur des terres.

Erosion du pied de la dune du Truquet en mars 2017, commune de Lège-Cap-Ferret
Illustrations de l’effet des vagues sur le front de mer de Lège-Cap-Ferret lors de la tempête du 11/01/2016

Construire une base de données partagée

Le programme de suivi géomorphologique du littoral Bassin d’Arcachon s’appuie notamment sur l’expérience de l’Observatoire de la Côte Aquitaine, dont le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’Office national des forêts(ONF) sont les porteurs techniques. Les acteurs territoriaux, comprenant notamment le Syndicat intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA), les collectivités territoriales et le Conservatoire du littoral, sont largement impliqués. Ils apportent leur expertise du terrain et les données qu’ils acquièrent dans le cadre de leurs activités. Le programme vise ainsi à constituer un socle d’informations commun utile à la description des évolutions de la lagune, dans un souci de mutualisation et de partage des données.

Mise en place d’un protocole de suivi photographique dans le domaine de Certes et Graveyron, propriété du Conservatoire du littoral, géré par le Conseil départemental de la Gironde

Des données scientifiques et naturalistes…

Un recensement des données existantes permettant le suivi de l’évolution du trait de côte, de l’espace terrestre adjacent, des estrans et des chenaux a été réalisé. Ces descripteurs géomorphologiques de l’environnement du Bassin d’Arcachon peuvent être révélés par des données de nature variée. On distingue les données quantitatives, dont la précision peut atteindre le centimètre, des données qualitatives, qui offrent une vision naturaliste d’une situation. L’analyse des évolutions du littoral est alors permise par la comparaison dans le temps de données d’une même nature. Sur le Bassin d’Arcachon, des données topographiques, bathymétriques, et photographiques ont été identifiées comme pertinentes.

…collectées sur le terrain ou par télédétection !

Le suivi du trait de côte est particulièrement révélateur de la mobilité de la frontière entre les domaines maritime et terrestre. Sur le Bassin d’Arcachon, le trait de côte présente plusieurs visages, dépendant de l’environnement dans lequel il évolue (cf. image n°1). Il peut s’agir d’une rupture de pente au droit de cordon sableux, du pied d’un ouvrage côtier, ou encore de la limite supérieure du schorre dans les marais maritimes. Pour le positionner, le programme de suivi prévoit la réalisation annuelle d’une campagne topographique au GPS différentiel. Elle consiste à délimiter et décrire les différents compartiments géomorphologiques, incluant la position du trait de côte mais aussi les zones de plage, de schorre et de slikke, au droit d’une soixantaine de sites autour du Bassin d’Arcachon. Ces acquisitions forment la « vérité terrain » : leur précision optimale, centimétrique, en fait l’information de référence la plus fiable disponible.

Levé topographique du trait de côte au GPS différentiel sur la commune de La Teste-de-Buch

Pour couvrir l’ensemble du Bassin d’Arcachon, le recours aux données cartographiques acquises par voie aérienne est indispensable. Il s’agit par exemple d’orthophotographies et de données topographiques LiDAR (Light Detection and Ranging, topographie par laser aéroporté).

Ces dernières sont très utiles pour caractériser les évolutions de l’estran lorsqu’elles sont obtenues à marée basse par fort coefficient. Les altitudes des zones de slikke, de schorre, des plages, des cordons sableux, des esteys et des chenaux hors d’eau sont alors précisément connues à la date de l’acquisition.

Topographie LiDAR de l’Île aux Oiseaux en 2016, commune de La Teste-de-Buch

Le programme de suivi géomorphologique du littoral du Bassin d’Arcachon propose enfin un cadre pour les observations de terrain. Des fiches de suivi sont fournies pour hiérarchiser les informations collectées sur le terrain. Des protocoles de prises de vue standardisées sont également mis en place pour l’acquisition de photographies comparables d’un site donné (cf. image 4). Ces informations qualitatives et visuelles sont particulièrement adaptées pour constater une évolution rapide du milieu, ou encore comme supports de communication.

Des perspectives d’évolution

Des comparaisons entre les différents jeux de données d’une même nature permettent ainsi de caractériser les évolutions du littoral du Bassin d’Arcachon. Elles offrent la possibilité de les étudier plus en détail, de mieux comprendre la dynamique hydrosédimentaire à l’œuvre dans la lagune, et ainsi d’améliorer la connaissance sur les risques côtiers auxquels elle est soumise.

Au-delà de la capitalisation et de la diffusion des données acquises, les évolutions du programme s’orientent vers une diversification des informations qu’il rassemble (botaniques, hydrodynamiques par exemple), ou encore vers le développement de nouvelles méthodes d’acquisition à l’aide par exemple des sciences participatives et de l’exploitation d’images satellites ou vidéo.

Pour aller plus loin, deux rapports de l’Observatoire de la Côte Aquitaine sont téléchargeables ci-dessous :